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Propos

Quelques mots en réponse aux questions parfois posées :

Anonyme
Définissez vous votre votre peinture comme abstraite, abstraite lyrique ou…?

GA
Peinture est un mot qui définit déjà beaucoup, je n’ai pas besoin de plus.

Anonyme
Moi si !

GA
Bien, il s’agit de quelques traces plus ou moins sombres sur des surfaces plus ou moins grandes et plus ou moins blanches. Voilà, au delà je ne saurais dire… Je vous prie de m’excuser.

Anonyme
Pourquoi les grands formats ?

GA
Il faut relativiser, un seul homme suffit à manipuler la plupart de mes toiles.
Et puis, pendant assez longtemps, les peintures étaient petites, moins de 50 x 50 cm.
Encore, de temps à autre, une petite arrive.

Anonyme
Pourquoi noir et blanc ?

GA
Je préfère parler de noirs et de blancs que de noir et blanc, il y en a tant.
Et nombre de mes peintures ont peu à voir avec mes noirs et mes blancs. 
Mais si les noirs me sont les plus naturels et si je m’y retrouve le plus souvent, c’est sans doute à l’enfance passée sur les grands tas de « boulets » et d’anthracite de mes parents charbonniers que je le dois. j’en garde le souvenir d’une lumineuse et inépuisable profondeur.
C’est à certaines peintures de Pierre Soulages et aux cartons noircis de Bernar Venet que je dois cette prise de conscience, c’était foudroyant et jamais, auparavant, je n’aurais imaginé que cela pouvait intéresser quelqu’un d’autre que moi.
On est bête non ?

Anonyme
Pourquoi peindre ?

GA
Oui pourquoi peindre, chanter, créer et caetera c’est ça ?

Anonyme
Oui

Garnier-Audebourg
Je ne sais pas avec certitude
Il me semble, pour l’instant, que la peinture m’apprend ce que je ne saurais pas apprendre autrement. Durement, le plus souvent.

Anonyme
Vous dites que vos châssis sont toujours un peu voilés…

GA 
…Très peu ! Et assez plans pour une accroche propre à l’oeil nu !
Mais c’est vrai qu’ils le sont, je m’explique. Pour construire mes châssis j’utilise des planches de hasard et autres trouvailles, il est bien rare que ces planches soient absolument droites et bien sûr les châssis qui en découlent ne le sont pas complètement non plus. C’est ainsi que j’ai peu à peu appris, grâce à ce parti pris, à construire des châssis beaucoup plus droits et plans que les planches qui les constituent ne pourraient le laisser supposer avant leur mise en oeuvre. 
N’importe quel arbre aussi chétif et malingre soit-il sera toujours, à mes yeux, plus beau et digne de vie que la plus réussie de mes toiles. Aucune oeuvre d’art ne vaut les êtres vivants qu’il a fallu sacrifier pour sa réalisation. Car peindre c’est tuer quelqu’un, arbre, animal ou soi, peu importe, peindre c’est tuer quelqu’un.
Je résume en disant que je préfère une peinture sur un châssis un poil voilé que de voir un arbre de plus abattu.

Anonyme
C’est pourquoi vous faites tant usage des matériaux de rebut ?

GA
Entre autres oui, question d’époque, un siècle en arrière je ne me serais pas préoccupé de la provenance des matériaux autrement que pour des questions de qualités finales de l’œuvre à réaliser, les matières premières ne manquaient pas.
Aujourd’hui j’aurais mauvaise conscience à utiliser des matériaux neufs et donc directement issus de la nature dans l’unique but de faire œuvre d’art alors que des gens ou des animaux ou des plantes pourraient simplement survivre grâce à ces mêmes matériaux, ce serait aller contre l’harmonie du monde, ou plus précisément aggraver la dysharmonie de cette civilisation, un comble pour une oeuvre !
Le monde ne manque pas d’œuvres d’art mais de forêts, d’eau pure et de nourriture, de ce point de vue la part de l’art contemporain qui a la folie de consommer et dépenser sans compter ne vaut pas le plus malheureux champ de patates.

Anonyme
Peut-être que ce mépris des matières premières est dû à l’abandon de la recherche de l’harmonie et de la beauté au profit de la recherche du sens ?

GA
Mais quel sens y a t-il à détruire le seul monde dont on dispose ?
Qui peut dire que l’harmonie soit dénuée de sens ?
Je dois dire que moi aussi bien sûr j’utilise, parfois, des matériaux neufs mais je tente systématiquement de me contenter du strict minimum.
Il y a tellement plus important qu’une oeuvre de plus ou de moins sur terre !

Anonyme
Est ce pour cette raison que vous peignez si peu ?

GA
Oui et de toute façon je déteste produire produire produire comme on dit. Je crois aussi qu’il n’y a pas beaucoup de peinture en moi et je n’ai pas suffisamment d’énergie pour peindre comme je peins. Je sens quand cette énergie est là ou pas, au rythme auquel les toiles me viennent, il n’y en aura moins de trois cents dans ma vie. Si je peins jusqu’à 70 ans, ce qui me surprendrait beaucoup !
J’espère que cette folie m’aura quittée avant.

Anonyme
Folie ?

GA
Oui, je la cache et la manifeste par la peinture, avec l’espoir probablement vain de prendre place dans ce monde que je ne comprends pas.

Anonyme
Quels sont vos maitres ?

GA
Pas de maîtres mais des oeuvres qui me fascinent.
Beaucoup de Franquin, Uderzo, Goscinny, certaines paroles de Dubuffet, certains cartons noircis de Venet, plusieurs toiles de Soulages, des tôles de Calvat et aussi des pièces de Patrick Dussault, Matthieu Fappani, Sophie Bacquié, Franck Audebourg, Frédéric Peres, Frédéric Manenc et tant d’autres que j’oublie ici.

Anonyme
Qu’y a t’il de neuf dans votre peinture ?

GA
Rien.

Anonyme
Si votre peinture n’apporte rien de nouveau, à quoi bon peindre, n’est ce pas de l’égoïsme ? 

GA
Oui.

Anonyme

GA
Eh oui.

Anonyme
Comment peignez vous ?

GA
Matériellement c’est variable, il arrive que je commence par la recherche des matériaux qui constitueront le futur support, recherche qui peut parfois se résumer à la simple découverte d’un subjectile prêt à peindre, c’est ainsi que j’ai peins sur portes. Directement.
Il se peut aussi qu’un outil me mène à la peinture. Une vieille tête d’aspirateur me donne invariablement l’envie de peindre. Les dimensions (rapport base/hauteur) se décident en fonction des matériaux récoltés, je n’ai pas une méthode précise pour les déterminer. J’ai conscience qu’elles sont plus importantes que la surface totale mais je ne suis pas suffisamment intelligent et instruit pour analyser les règles qui en régissent l’harmonie. L’instinct ou l’utilisation pure et simple des proportions issues des nombres sacrés, comme par exemple le célèbre nombre d’or, suffisent à me guider.
Les outils employés sont choisis/cueillis au gré de mes pérégrinations, têtes d’aspirateurs donc, essuie-glaces, balais de toutes sortes, garnitures de portières d’automobiles, matelas, serpillière… etc. Il arrive aussi que je les construise.
Chacun de ces outils est capable de faire trace, les toiles les gardent et quand ces traces m’arrêtent et me contraignent au repos et à les regarder je stoppe tout et je regarde longtemps. J’essaie d’obéir à cela.
Mais en général je commence par détester une peinture avant de peu à peu l’accepter.

Anonyme
Vous avez peint en public, pourquoi ?

GA
Je l’ai fait une fois lors du vernissage de ma première personnelle, je ne suis pas certain de savoir exactement pourquoi. J’imaginais que ce serait plus intéressant et plus simple que d’essayer d’accueillir les visiteurs et de répondre intelligemment à leurs questions ou à leurs silences. 

Anonyme
Le ferez vous de nouveau ?

GA
Non

Anonyme
Parce que peindre ne supporte pas le public ?

GA
Parce que créer en public ne supporte pas la moindre faiblesse, je dis créer et non montrer ce que l’on sait déjà faire. Les grands musiciens, les meilleurs comédiens en sont capables. Un jour peut-être.

Anonyme
Quelle image avez vous de vous ?

GA
Orgueilleux, et donc, susceptible.
Loyal, donc fidèle… enfin on essaie quoi.

Anonyme
Vous parliez d’inconscient et de libre-arbitre…

GA
… oui il me semble que ce qui m’amène à la peinture est à chercher là.

Anonyme
… ?

GA
… je le vois ainsi, Je vais essayer de mieux dire.
C’est à une peinture ratée au possible que je dois d’avoir admis l’existence du libre arbitre, avant cela ce n’était qu’une théorie et même quelque chose que je niais régulièrement.
Il a fallu quelques semaines avec cette peinture qui empirait à chacune de mes interventions pour admettre que j’en étais le responsable, j’avais choisi le support et son format, les couleurs et les outils ainsi que les jours et le lieu, bref c’était moi et personne d’autre et c’était moche… j’étais moche. Et plus je décidais plus c’était laid, plus j’étais laid. Je contrôlais tout et n’arrivais à rien et pire qu’à rien, à de l’amoindri, de l’encombré. 
Il m’a fallu comprendre que la liberté n’est pas l’exercice d’un absolu contrôle.
Bon ce n’est pas beaucoup plus clair je le crains.

Anonyme

GA
…c’est pourtant quelque chose qui me semble résonner avec force en moi, bien que je ne sache pas le dire simplement. Bon, je réessaie, une fois.
Nous avons le choix entre le moi déterminé et le soi infini et pourtant nous hésitons, c’est mieux dit ainsi ?

Anonyme
Pouvez vous réessayer une fois encore ?

GA
Je suis perdu…
Je sais simplement que cette expérience m’a contraint à me voir autrement, plus je tente de forcer la peinture plus elle est sans intérêt, plus je nous laisse libre court plus elle est présente et « de moi ». 

Anonyme
Et l’inconscient ?

GA
C’est à mes tout débuts en m’inspirant d’un Soulages (Peinture 202 x 143 cm, 14 mai 1968) que cela est advenu. J’ai peins un 16,4 x 30,5 cm avec la photo du Soulages sous les yeux, le résultat me fit horreur au point de laisser tomber la peinture pendant près d’un an, pour moi c’était être Soulages ou rien. 
Mais c’est en rangeant l’atelier, un an plus tard donc, que je revis cette peinture et dû admettre que non seulement elle me retenait mais qu’aucune autre ne me retenait autant qu’elle.
Il me semble que c’est là une manifestation de l’inconscient, non ?

Anonyme
L’argent ?

GA
Pour la peinture je me contente de peu, avec ou sans, je peins. 
Moins l’argent intervient dans le processus mieux ça vaut.
Je l’accepte en « bout de chaine » lorsqu’il s’agit de vendre une toile et je le refuse autant que je le puis tant que la toile n’est pas née.
Je veux rencontrer les moyens de la peintures, outils, supports et autres, et/ou les construire, pas les acheter. C’est peut-être, sans doute, par manque de confiance en soi, j’ai peur qu’en achetant les outils standards de la peinture, ma peinture le soi aussi. Alors je me promène dans les rues et je recueille ce que je crois « travaillable ». Les amis sont aussi de très bons fournisseurs de ci ou de ça.  

Pompeusement, je dis : « L’argent doit suivre la peinture, pas la précéder » 🙂

Anonyme
Ne risquez vous pas d’être catalogué marchand de papier peint ou de tapis en vendant 
votre peinture au cm²?

GA
Oui, c’est en effet ce qu’il s’est passé, mais chacun était libre d’interpréter cela.
Il me semblait qu’il y avait là, dans ces centimes au centimètre carré quelque chose de plus à saisir, cela a été mal compris, ma faute sans doute. En dehors de quelques amateurs « pointus », architectes ou encore poètes qui en aimaient le principe il fut mal perçu, à la fois trop simple et brutal pour les uns, mais tordu pour les autres, je l’ai donc abandonné comme une fausse bonne idée.

Pourtant en dix ans de peinture j’en suis à la vingt huit ou vingt neuvième vente… Deux et quelques par an, je suis loin du compte pour être catalogué « vendeur » je crois. :))

Anonyme
Justement pourquoi vendre au centimètre carré !?

GA
Obéir scrupuleusement à la cote était le meilleur moyen de se révolter.

Anonyme
Oui ?

GA
J’ai tenté de vendre ma première peinture cinq euros à une voisine, je me suis fait proprement engueuler parce que selon elle cette peinture valait beaucoup plus, elle m’a donné quinze euros… 
Fort de cette expérience j’ai voulu vendre la deuxième une centaine d’euros lors d’une exposition collective en plein air (La Garonne expose), j’en ai tiré quarante et quelques, c’était tout ce que l’acheteur avait sur lui. Après ça lorsque Reinhard Blanck et Stephan Dobadka ont entendu les prix que je comptais pratiquer lors de l’exposition dans leur galerie, ils se sont mis à rire franchement et m’ont dit qu’à ce prix là je n’avais qu’à les donner… je les ai laissés faire les prix.
Enfin, la vente aux enchères de la résidence 2008 de St Henri à confirmé ces prix pour mes toiles. Cette histoire illustre mon inaptitude à faire les prix moi-même et la justesse de ceux imposés par les acquéreurs, toiles après toiles. 

Je tente de respecter cela.

Merci à tous